La rééducation en pelvi-périnéologie

En physiothérapie, la spécialisation en pelvi-périnéologie permet d’aborder les problèmes, très fréquents, concernant la région du petit bassin, de même que la zone intestinale.

En pratique, cela concerne les incontinences urinaires (dites de stress ou d’effort et d’urgence), les descentes d’organes, les incontinences anales, la constipation, les douleurs de cette région, les troubles de la fonction sexuelle, ainsi que d’autres pathologies plus rares

L'incontinence urinaire

Il est souvent difficile de faire le pas et d’admettre qu’une rééducation dans cette zone plutôt tabou serait nécessaire. Des études montrent en effet que très peu de patientes consultent pour leur trouble urinaire. Et pourtant cette rééducation spécialisée permet d’obtenir de très bons résultats, permettant ainsi parfois d’éviter des interventions chirurgicales et de retrouver une qualité de vie appréciable. L’incontinence urinaire, lorsqu’elle est prise en charge de façon adéquate, peut être guérie ou au moins favorablement influencée dans plus de 90% des cas. Cela vaut donc la peine d’en parler à votre médecin.

A qui s’adresse cette rééducation ?

Contrairement aux idées reçues, cette rééducation s’adresse aux personnes de tout âge et des 2 sexes :

  • Les enfants peuvent être concernés par des pertes d’urine ou de selles survenant après l’âge normal d’acquisition de la propreté (5 ans), ou au contraire par des problèmes de constipation.
  • C’est souvent suite à un accouchement que des problèmes liés à cette sphère apparaissent chez les femmes (parfois plusieurs années après l’accouchement), mais d’autres mécanismes peuvent expliquer leur survenue. Cette rééducation est donc souvent entreprise chez des personnes relativement jeunes, mais de très bons résultats peuvent également être obtenus chez des personnes plus âgées.
  • Chez les hommes, c’est la plupart du temps suite à des problèmes liés à des interventions sur la prostate, la vessie ou les intestins que des problèmes d’incontinence urinaire ou anale peuvent survenir. On rencontre également des problèmes de constipation, liés ou non à des dyssynergies abdomino-pelviennes.
  • Les pathologies neurologiques peuvent également bénéficier d’une rééducation spécifique. Elle est prodiguée par des physiothérapeutes spécialement formés pour cette approche.
Les types d'incontinence urinaire

On rencontre différentes sortes d’incontinence urinaire :

L’incontinence urinaire d’effort

Elle est caractérisée par une fuite involontaire d’urine, non précédée d’une sensation de besoin d’uriner et qui survient à l’occasion d’une élévation de la pression abdominale telle qu’un effort de toux, le soulèvement d’une charge ou de toute autre activité physique. L’accouchement représente le principal facteur de risque identifié. Autrement dit, le système de fermeture devient insuffisant pour certaines situations normales. Il faut donc soit renforcer la musculature concernée, soit, parfois, intervenir chirurgicalement sur le système de fixation des organes.

L’incontinence urinaire d’urgence

Dans l’incontinence urinaire d’urgence, on doit se dépêcher d’aller aux toilettes (parfois dans la minute qui suit l’apparition du besoin), sinon il y a fuite : La vessie se contracte trop et les sphincters (les muscles qui ferment le canal par lequel passe l’urine) sont insuffisants pour empêcher la fuite. Le plus souvent la cause de ce symptôme est inconnue. Il faut donc agir sur l’activité excessive de la vessie. En premier lieu, cette forme d’incontinence est généralement traitée par des médicaments spécifiques. Il est toutefois possible d’intervenir également, en complément, par le renforcement musculaire du plancher pelvien. Par voie réflexe, ces contractions vont en effet diminuer l’hyperactivité de la vessie. La vessie poussera moins, donc sollicitera moins, et les muscles qui retiennent seront plus forts.

L’incontinence urinaire mixte

L’incontinence urinaire mixte est l’association de ces 2 types d’incontinence …

L’énurésie

L’énurésie (pipi involontaire, au lit ou la journée) n’est considérée qu’au-delà de 5 ans. Avant, l’enfant n’a pas forcément la possibilité d’établir ce contrôle.

L’incontinence urinaire secondaire

L’incontinence urinaire peut également être secondaire à certaines maladies (une bronchite chronique qui amène à tousser trop fréquemment, par exemple), consécutive à des accidents concernant le bassin, à des maladies neurologiques, à des troubles psychiques, mentaux ou à l’état général de la personne concernée (une personne âgée peut avoir des difficultés à se déplacer et présenter une incontinence simplement parce qu’elle n’arrive pas à atteindre à temps les toilettes ou à se déshabiller seule).

L’incontinence par regorgement

Dans l’incontinence par regorgement, ou de trop-plein, la vessie n’arrive pas à se vider correctement, à cause d’un obstacle ou parce que le muscle de la vessie ne fonctionne pas correctement. (pour des motifs neurologiques)..

Bref, les causes sont multiples, les traitements appropriés par conséquent le sont également et ne peuvent tous être développés ici.

L'incontinence anale

Définitions

  • L’incontinence anale se définit comme l’émission involontaire de gaz et/ou de selles, ainsi que l’incapacité de différer un besoin impérieux de manière appropriée (urgence impérieuse) plus de 15 minutes.
  • Les sphincters sont des muscles circulaires (comme ceux des yeux ou de la bouche. Au niveau anal, il y en a 2 : le sphincter interne, gouverné par le système neuro-végétatif et le sphincter externe, que l’on peut contracter volontairement.
  • La compliance rectale est la capacité du rectum à s’expandre en réponse à une augmentation de pression. Elle mesure donc en quelque sorte la souplesse des tissus.

Mécanismes de l’incontinence

  • Le colon peut générer de fortes pressions, contre lesquelles des sphincters normaux ne peuvent pas résister (ex. intestin irritable).
  • Les selles peuvent être trop liquides (diarrhées) et donc très difficiles à retenir ou trop dures et obliger à un effort de poussée excessif ou causant des douleurs.
  • Le rectum peut avoir une capacité diminuée et/ou une compliance altérée (il peut être trop « souple » et accepter une trop grande quantité de selles ou au contraire trop peu souple et ne permettre que la présence de très peu de selles avant de générer un besoin impérieux d’aller aux toilettes).
  • La perception du besoin peut être altérée (patient âgé ou problème neurologique : on ne sent plus le besoin d’aller à selle ou la présence de gaz).
  • Les sphincters peuvent être lésés ou atrophiés (accouchement, chirurgie, …).
  • Le plancher pelvien et son appareil ligamento-musculaire peuvent s’affaisser (accouchement, effort défécatoire excessif en cas de constipation chronique)
Traitements

Les moyens d’action en pelvi-périnéologie

 

L’information

Le renforcement de la musculature du plancher pelvien joue un rôle central dans la rééducation du périnée. Afin de permettre une action précise sur cette musculature, le physiothérapeute va tout d’abord vous informer sur sa structure et son fonctionnement. Seule une bonne compréhension de votre anatomie et du fonctionnement normal de cette région méconnue permet en effet d’obtenir une rééducation efficace. On ne peut bien utiliser que ce que l’on connaît et comprend bien.

Le biofeedback

A l’aide d’une sonde vaginale reliée à un appareil spécialisé, il est possible de voir sur un écran d’ordinateur les contractions effectuées dans cette région. Il est ainsi possible d’apprendre à contracter la musculature du périnée selon toutes les modalités nécessaires (en faisant varier la force et la durée des contractions). De nombreuses études ont montré que cette méthode présente une grande utilité et efficacité.

La gymnastique respiratoire

Grâce à certains exercices spécifiques (gymnastique hypopressive de Marcel Caufriez, gymnastique abdominale de Bernadette de Gasquet, …), il est possible d’obtenir un fonctionnement de la musculature abdominale favorable au plancher pelvien (la façon « classique » de les travailler augmente la pression sur le plancher pelvien et peut donc provoquer une aggravation de l’incontinence. En outre, ces exercices permettent une tonification du plancher pelvien.

La proprioception

On entend par là la perception « interne » de notre corps. Les exercices proprioceptifs visent à développer une meilleure perception du plancher pelvien, du bassin en général et de la posture. C’est un élément essentiel de la rééducation.

L’électrostimulation

Grâce au même appareillage que pour le biofeedback, il est également possible de faire une stimulation électrique de la musculature du plancher pelvien (électrostimulation). Cette électrostimulation n’est pas destinée à un renforcement musculaire en tant que tel. Il serait en effet alors nécessaire de la pratiquer de façon intensive et quotidienne. Une séance (ou parfois 2) par semaine ne permet pas d’obtenir un tel résultat, mais l’électrostimulation est un élément pourtant important du traitement : Elle permet de ressentir des contractions localisées dans le plancher pelvien, sans avoir besoin de les réaliser soi-même, donc sans risque de contracter également d’autres muscles non souhaités (cuisses, fesses, ventre, …). C’est donc un élément de développement des perceptions (proprioception) très utile.

La gymnastique posturale

La position du bassin et de la colonne vertébrale a une grande importance dans le bon fonctionnement des organes internes et sur la transmission des pressions vers le plancher pelvien. Cette gymnastique est un complément important aux exercices plus spécifiques du plancher pelvien.[/accordion]

La palpation digitale

Cette palpation effectuée avec un ou 2 doigts intra-vaginaux est nécessaire pour permettre une évaluation correcte de la fonction musculaire du plancher pelvien. Il est également possible de l’utiliser pour obtenir un renforcement spécifique et beaucoup plus ciblé de la musculature du périnée, en utilisant par exemple une résistance à la contraction (en sollicitant les muscles du côté droit ou gauche, en faisant prendre conscience des mouvements spécifiques qu’ils peuvent produire, en les stimulant par un réflexe d’étirement, en permettant leur relâchement par des techniques de contracter-relâcher, …).

La sonde à ballonnet
  • Afin de permettre le travail de l’exonération, lorsqu’on doit pousser trop fort quand on va aux toilettes, il est nécessaire d’utiliser une sonde munie d’un ballonnet gonflable, De cette façon il va être possible de voir si la poussée est correctement dirigée vers l’arrière et si elle est efficace.
  • L’utilisation de cette sonde est indispensable lorsqu’il y a un asynchronisme abdomino-pelvien (on pousse très fort avec le ventre et le diaphragme mais on empêche l’exonération des selles par une forte contraction du pubo-rectal et/ou du sphincter anal).
  • Elle est également nécessaire lorsqu’il y aun problème de compliance (soit parce que l’ampoule rectale ne peut pas se dilater siffisamment et que les volumes sont trop petits, soit au contraire parce que les volumes sont trop grands (mega-rectum) et qu’il faut redonner une sensibilité suffisante à cette zone pour retrouver progressivement des volumes normaux.
  • La sonde à ballonnet permet également de travailler les réflexes physiologiques de cette région.
La relaxation

Elle permet le relâchement abdominal ou de la vessie lorsque c’est nécessaire (vessie hyperactive, par exemple, tension émotionnelle aboutissant à une trop grande pression intra-abdominale ou à un fonctionnement perturbé du système digestif, …). La sphère uro-génitale est particulièrement sensible aux perturbations et traumatismes émotionnels. La relaxation permet un dialogue constructif psychocorporel et peut grandement améliorer le fonctionnement de votre organisme en général et de cette région en particulier.

Financement / nombre de séances
En Suisse, la rééducation pelvi-périnéologique effectuée par un physiothérapeute fait partie de l’assurance obligatoire de base. Les assurances financent donc la thérapie sur ordonnance médicale.

En règle générale, un traitement de 6 à 9 séances permet d’obtenir de bons résultats. Certaines situations nécessitent toutefois une prise en charge plus importante. L’évolution de la situation, appréciée par votre physiothérapeute, votre médecin et vous-même sera déterminante.

Une ordonnance peut prescrire au maximum 9 séances. Si besoin est, il est possible de renouveler plusieurs fois une telle ordonnance.